Patrimoine et Histoire
Histoire d’Ax Les Thermes
L’Antiquité
Le Moyen Age
Les mentions d’Ax dans les textes médiévaux sont peu nombreuses, la ville est citée comme « villa de acquis [3]» ou « castrum de ags[4] ». Il est certain que la ville d’Ax était fortifiée et composée de multiples noyaux d’habitation. Les dernières recherches historiques et archélogiques confirment que l’implantation de la population était double : la vieille ville (quartier autour de l’église Saint Vincent) et la ville enclose (actuel noyau du centre ville).
Dans cette dernière, deux tours se faisaient face : la tour d’En Barre (proche du presbytère) et la roque d’En Cailhau (appelé Mazel Vieil)[5]. Le premier était le lieu de la famille Barre, bayles du Comte de Foix, le second de la famille Cailhau, certainement châtelains. La rue passant entre les deux était la rue du Salin (actuelle rue Rigal) où le grenier à sel de la ville ainsi que l’horloge se trouvaient.
La ville médiévale possédait au moins six tours-portes qui jalonnaient les remparts. Ces derniers ont été absorbés par les habitations ou détruits au fur et à mesure qu’ils perdaient leur utilité ou menaçaient ruine. Il apparaît donc que la ville d’Ax était une des villes médiévales les plus fortifiées de la haute vallée d’Ariège à la fin du XIVe siècle. L’activité économique y était variée car les voies de communications avec l’Espagne étaient fort empruntées. Le pastoralisme côtoie la soie, les épices, les chameaux et autres produits exotiques qui passaient au Moyen Age.
La particularité d’Ax est la cohabitation de deux châteaux. Le peu de textes parvenus jusqu’à nous atteste l’existence d’un château dans les murs de la ville (à l’emplacement du jardin du presbytère) et d’un autre à l’extérieur tout proche (sur le site de Castèl Mau), comme le souligne le témoignage du seigneur de Caumont partant en voyage à Jérusalem en 1418[6] : « la ville d’Ax en Savartes […] en lequelle ville ha ung fort chastel et un autre qui est par dehors […] non guières loing […] ung chasteau rochier assis en tres bel avantage et fort ».
De nombreuses légendes ont été colportées à travers les siècles concernant le site de Castel Mau qui n’a rien de maure comme beaucoup d’érudits l’avaient affirmé au XIXe siècle. Le terme de mau vient probablement, suite à une mauvaise lecture ou compréhension de langage, du latin médiéval nau (nouveau), il s’agirait donc du château neuf succédant à un castrum vetus (château vieux) tel que le mentionne l’enquête des possessions du comte de Foix en 1272.
Cette place forte médiévale date probablement des premiers temps du Moyen Age, vers le XIe siècle. Si la première mention de la ville d’Ax date de 994, ce n’est pas avant 1095 qu’un acte fait mention du castro de ags comme une « acquisition » du comte de Cerdagne au comte de Sabarthès[7]. Les mentions concernant un castrum ou castellum à Ax se succèdent régulièrement du XIIe siècle au début du XIIIe siècle.
Le Moyen Age est aussi la période où Ax connaît les tourments de l’Inquisition contre le Catharisme. De grands personnages cathares sont issus de familles axéennes tels Sybille Bayle et les Frères Authier, dont les destins sont intimement liés à Montaillou.
L’Ancien Régime
La ville d’Ax connaît une période très paradoxale où se cotoîent une grande richesse économique due au pastoralisme et une grande pauvreté due à l’implantation en fond de vallée, sans réelle matière première comme les minerais de fer des vallées voisines. Le commerce de la laine est très florissant grâce aux propriétés aseptiques, émollientes et alcalines des eaux qui nettoient et dégraissent parfaitement.
Ville bourgeoise, le thermalisme attire peu à peu les malades et scientifiques dès la fin du XVIe siècle comme le confirme le témoignage du gouverneur de Foix qui vient prendre les eaux en 1575. De nombreuses études médicales montrent les propriétés bénéfiques des eaux sulfureuses naturelles. En revanche il n’existe que peu de témoignages sur le devenir des deux châteaux hormis celui de Richelieu ordonnant en 1640 la destruction du Castel Mau.
De nombreux incendies ravagent la ville régulièrement, obligeant la population a reconstruire des quartiers entiers. De nombreux artisans viennent de Toulouse et certaines maisons de la rue Marcailhou présentent des plans typiques des hotels particuliers de la ville rose du XVIIe siècle ainsi que des décors en bois sculptés (visibles dans la chapelle Saint Jérôme) : escalier Louis XIII, plafonds à la française… Ces nouvelles maisons succèdent pour beaucoup à celles vétustes semi troglodites acollées aux mamelons rocheux du Mazel Vieil.
L’époque Contemporaine
Avec plus de 70 sources, le thermalisme devient à la fin du XVIIIe siècle la principale activité économique. La ville se dote d’un réseau d’établissements thermaux, publics et privés, offrant une large gamme de soins aux malades. L’arrivée du chemin de fer transpyrénéen dans la deuxième moitié du XIXe siècle ouvre la vallée au plus grand nombre. Le modernisme progresse plus vite que dans le reste du département, Ax est une des premières villes à avoir le tout à l’égout, l’eau courante et l’électricité. Les fontaines publiques d’eaux sulfureuses permettent aux axéens d’avoir de l’eau chaude en permanence pour leur hygiène, le ménage et la cuisine.
L’âge d’or de la ville thermale s’étend jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Une société du loisir s’y installe avec le Casino, le théâtre, les thermes et les parcs, les villas et hôtels de standing et de nombreux cafés. Le premier passage du Tour de France en 1930 succède à celui de la course de voitures « La coupe des Pyrénées »; enfin, le ski prend son essor dans les années 50.
Hélène TEISSEIRE
[1] Village à l’époque de Charlemagne équivalent à un chef lieu de canton
[2] GUILLOT (Flo), Sites fortifiés en Sabarthès (Ariège) à l’époque médiévale, Toulouse, mémoire de DEA, 1990, pp.184-185
[3] Villa de Ax
[4] Castrum de Ax : site fortifié ou château.
[5] c’est l’espace au fond de l’impasse de la rue Rigal
[6] Caumont (Nompar, de), Voyaige d’oultremer en Jhérusalem… l’an 1418, par le seigneur de Caumont, publié par le marquis de La Grange, ed. Aubry, Paris, 1858, pp.28 et 131
[7] Baudon de Mony (Ch.), Relations politiques des Comtes de Foix avec la Catalogne jusqu’au commencement du XIVe siècle, Paris, Picard et fils, 1896, tome 2, p5, acte 4
[1] Baudon de Mony (Ch.), Relations politiques des Comtes de Foix avec la Catalogne jusqu’au commencement du XIVe siècle, Paris, Picard et fils, 1896, tome 2, p.5, acte 4